PROSTITUTION,
LA LUTTE CAPOTE A POISSY
COMME AILLEURS
Le plus vieux métier du monde prolifère malgré les tentatives d'éradication. La faute aux flux d'argent et des réseaux qui les captent.
Aujourd'hui, le parlement européen accueille la conférence du Lobby Européen des Femmes : 10 ans de politiques sur la prostitution : Résultats des options suédoises et néerlandaises, et perspectives
Elle est soutenue par Mariya Gabriel (PPE) et Mikael Gustafsson (GUE/NGL) et par la Fondation Scelles et le Mouvement du Nid
http://www.fondationscelles.org/index.php
Pour résumer, il y a deux positions qui s'affrontent :
La première est celle des « abolitionnistes » dont le camp a reçu le soutien de la ministre de la Justice début juillet. La position défendue est simple : le sexe ne peut pas s'acheter. Par conséquent, ils demandent des mesures en cohérence avec cette norme, en particulier la pénalisation des clients, sans se faire forcément d'illusion sur la capacité de contrôler suffisamment la population pour éviter toute relation sexuelle tarifiée. Mais payer pour obtenir du sexe n'est pas acceptable.
La seconde est celle des « réglementaristes » qui pensent qu'il n'y a pas de raisons d'empêcher deux adultes consentant de définir la nature de leur relation, y compris en échange d’argent. Si ces personnes sont en position de choisir, il n'y a pas de raison de les empêcher ou des les poursuivre pour cela.
Les deux partagent un même souci des prostituées. La question véritable est celle de la normalité du sexe, du choix d’une activité pas plus honteuse qu'une autre, ou au contraire, que le « choix » de se prostituer est une contrainte, et que tout achat de sexe est nécessairement une exploitation.
A vrai dire, c'est la contrainte et non l'activité en elle-même qui pose problème. Même le choix n’en est pas toujours un. Le débat se situe d'abord au niveau des principes et des valeurs. La question serait en effet : est-il légitime ou non de faire commerce du sexe ?
En attendant, certains réseaux prolifèrent dans lesquels certains exploitent les femmes et hommes en les forçant à exercer leur activité tout en récupérant tout ou partie du produit de leur « travail ».
Vous pourriez dire que Poissy est loin de l’industrie du sexe, tel qu’on l’a vu à la télévision comme récemment encore à la frontière franco-espagnole. Eh bien, non ! Au détour d’une route très passante, « l’offre de service » est présente, bien visible qui plus est.
Pour y passer souvent – sans m’arrêter – on peut même voir le dépôt des personnes par une voiture de couleur gris clair, chargée de quelques malabars aux vestes en cuir de qualité.
Avons-nous les moyens de poursuivre le proxénétisme ? La volonté est là mais l’action est une affaire de tous les jours. Démanteler un réseau nécessite des semaines et parfois des mois, avec un véritable parcours du combattant, internationalisation oblige.
De plus, les moyens donnés pour que ces femmes (et hommes) accèdent à d’autres métiers sont déficients, d’autant plus que la crise et le chômage sont des fléaux qui ne permettent pas de faire jouer cette solution pour éradiquer ce « métier ». La lutte contre la prostitution se confronte au principe de réalité économique.
Pour le moment, elle capote à Poissy, comme ailleurs.
Mais ce n’est pas une raison pour baisser les bras.