Au début de l’année dernière, la Cour des comptes avait réalisé un rapport sur la SGP, la Société du Grand Paris, en charge de la construction des nouvelles infrastructures : les enquêteurs ont ainsi pu constater que la facture prévisionnelle est passée de 19 à 38 milliards d’euros, soit le double...! Sans compter des frais financiers encore plus astronomiques, de 32 à 134 milliards d’euros, avec un risque de les voir exploser à plus de 900 milliards dans un scénario catastrophe (*).
Si - pour un tel montant - le projet du Grand Paris avait été de réaliser le bouclage Ouest de La Francilienne, cela aurait pu se concevoir. Car - pour sa partie Nord - quid de la relance du projet de l’A104 et son tracé le plus large hors agglomérations ? Visiblement, il n’en est rien, aucun financement n’a été prévu ni dans le projet initial, ni dans le projet « augmenté »...
Les magistrats ont également pointé les procédures d’attribution des marchés. Certaines ont été identifiés avec « pour lesquels les procédures et les grands principes de mise en concurrence n’avaient pas été respectés, soit attribuant un marché à une entreprise dont l’offre aurait dû être rejetée pour irrecevabilité, soit en modifiant en cours de procédure les modalités de calcul des offres financières, ce qui a eu pour effet de modifier l’ordre de sélection des candidats ».
Beaucoup de précautions de langage pour désigner des faits constitutifs d'un possible délit de favoritisme, qui peut aussi avoir un autre nom sous-jacent, celui de corruption. A moins que ce ne soit que de la « répartition » vis-à-vis des ressources disponibles, pour permettre de préserver l’emploi dans ces entreprises bénéficiaires.
Évidemment, l’instruction du dossier est en cours et on ne peut qu’espérer que l’enquête va être lancée.
Difficile aussi de ne pas se poser la question pourquoi ce rapport a mis autant de temps pour être pris en compte ?
Le manque de transparence est condamnable mais le manque d’ambition ne l’est-il pas tout autant ?
Les projets comme l’A104 qui datent de plus de 40 ans auraient enfin pu trouver un financement. Malgré l’occasion donnée avec un projet d’une telle ampleur qui ouvre la bourse étatique de l’investissement, comment dire autrement que nos représentants élus départementaux, régionaux et nationaux ont « loupé le coche »...?
Le manque de vision, d’ambition et d’action concrète pour améliorer de façon notable voire résorber la gestion des flux routiers régionaux est patent. Historique même, car quelle autre opportunité aurons-nous pour relancer l’économie et réaliser le détournement de ces flux de nos centres de ville de la proche périphérie parisienne (à Poissy comme ailleurs)...?
(*) Sur la base de Marianne.net