Ce n'est en effet pas la première fois que la question du voile déchaîne les passions en France. L’exclusion de trois collégiennes refusant d’enlever leur voile en 1989 a posé les jalons de la longue série de polémiques qui se sont succédé ces trente dernières années.
Au début du mois d'octobre 1989, le collège Gabriel-Havez de Creil (Oise), situé en zone d'éducation prioritaire (ZEP), exclut, au nom du principe de neutralité et de laïcité scolaire, trois élèves refusant d'enlever leur foulard islamique en classe.
L'affaire devient nationale et la polémique s'engage. Jacques Chirac se prononce finalement en faveur d'une loi interdisant le port de signes religieux "ostensibles" par les élèves dans les établissements scolaires publics.
Cette loi est ainsi adoptée le 15 mars 2004 et appliquée à partir de la rentrée 2004.Plus récemment, ce fut au tour du burkini, du nom de ce maillot de bain intégral, d'occuper une bonne partie de l’actualité politique en août 2016. Le 11 août de cette même année, un arrêté interdisant le port de vêtements religieux sur les plages de la ville de Cannes attire l'attention au niveau national. Le 23 août, la verbalisation d’une femme portant un voile sur la plage de Nice, au nom de l’arrêté « anti-burkini », choquent en France et à l’étranger. Le texte, qui visait implicitement le burkini, est finalement invalidé par le Conseil d'Etat le 26 août.
Dans l’affaire « Décathlon », quelques (trop) rares hommes sont intervenus dans l’espace public, beaucoup plus de femmes, de droite comme de gauche, face à l’indifférence manifeste ou la permissivité parfois purement mercantile de certains.
Les hommes politiques pourtant si médiatiques en temps normal sont restés muets pour la plupart. Seuls le Président du Sénat et la ministre de la santé se sont « aventurés » à donner leur opinion parmi les hauts responsables politiques au pouvoir.
Ce sont les valeurs de la République qui sont mises en avant par la majorité des défenseurs de la place de la femme dans une perspective réellement laïque, c’est à dire sans soumission religieuse dont le niqab est considéré comme un symbole ostensible.
Même si parfois quelques excès de langage (sur les réseaux sociaux) viennent écorner leurs principes, excès mis au pilori à juste titre, le combat pour préserver les valeurs et la culture française (pour les uns ou contre le communautarisme et ses différentes idéologies pour les autres) reste visiblement de rigueur, quitte à passer pour des OVNI d’une partie du reste du monde.
Faut-il toutefois rappeler que beaucoup de femmes de par le monde essayent de se délivrer de ces habits ou attributs religieux. La « liberté » de les porter ne semble aller qu’à sens unique et il leur est souvent difficile de s’en défaire. Certaines en meurent même.
Ce qui nous fait dire que la liberté n’est pas celle qui se pare d’œillères, même consentantes, en se réclamant de son principe dans une forme de perversité linguistique et intellectuelle qui vient heurter l’intelligence individuelle de beaucoup. D’où l’importance du tollé que cela a suscité.
Et n’oublions pas aussi que la France est le SEUL pays qui a rompu avec Dieu, en 1789, et à s’être libéré de tout asservissement religieux (plusieurs milliers de prêtres ont été tués à l’époque), avec confirmation par la loi de 1905 sur la séparation entre l’Etat Français et les religions, quelles qu’elles soient.
L’appel au boycott a certainement été un acte de poids dans la décision du retrait de la mise en vente. Le pragmatisme des affaires reste un gage de raison en France tout du moins pour une grande enseigne nationale.
Les uns devront chercher ailleurs les produits pour se soumettre aux règles dans lesquelles ils veulent bien s’enfermer, les autres seront à même de trouver autre chose pour développer leur esprit de lucre, web y compris pour les deux.
Le mercantilisme n’a pas de frontières ni de limites, souvent encore moins d’éthique même s’il essaye de s’en attribuer les couleurs, ce malgré les grandes qualités des communicants ou autres « community managers ».
Tous les prétendus contre-arguments voire accusations - faciles mais fallacieuses - de quelconque « phobie » ne viendront pas entamer notre conviction profonde que le combat pour la place des femmes - libres et sans servitudes - n’est pas terminé.
À Poissy comme ailleurs.