ZFE : contrôles et sanctions pour les véhicules polluants fin 2024
Le gouvernement a réuni ce mardi 25 octobre le premier comité ministériel avec les 43 métropoles et agglomérations concernées par les zones à faibles émissions (ZFE). Il a annoncé la mise en place d'un système de contrôle sanction automatisé contre les véhicules trop polluants interdits pour le second semestre 2024.
D'ici à 2025, toutes les agglomérations de plus de 150.000 habitants devront avoir mis en place ces zones qui visent à interdire progressivement les véhicules les plus polluants. Signe du caractère potentiellement brûlant de ce dossier, un premier comité ministériel sur les ZFE-m s'est tenu ce mardi entre plusieurs membres du gouvernement et les territoires concernés.
On ne peut être qu’étonné par la déclaration du ministre délégué chargé des Transports :
« Les ZFE sont une nécessité pour des raisons écologiques et de santé publique. […] Notre obsession, c'est qu'elles ne soient pas des zones à fortes explosions sociales, financières, industrielles ».
Avec ces Zones à Fortes Exclusions, la paix sociale risque bien d’être mise à mal.
Souvenez-vous du mouvement des bonnets rouges qui avaient démonté les portiques sur autoroute.
Bis repetita dans les 11 agglomérations qui ont déjà mis en place une ZFE (dont Paris, Lyon et Grenoble) ?
Dans son éditorial dans Les Échos du 17 octobre, Jean-Francis Pecresse indiquait que les ZFE allaient devenir des « Zones à Fortes Explosions » devant le tsunami social qui s’annonce.
Jusque-là, ces restrictions ont été plutôt bien tolérées, à la fois parce qu'elles n'ont banni qu'un dixième des quatre-roues en circulation, des véhicules souvent en fin de vie. Et parce que les contrôles ont été assez lâches…
Mais avec le passage à 45 ZFE d'ici à fin 2024 et l'extension des interdictions aux Crit'Air 3 puis aux Crit'Air 2, c'est un choc à grande échelle qui attend les Français, notamment les plus modestes.
Dans les toutes prochaines années, ce sont les deux tiers du parc automobile qu'il va falloir remplacer pour conserver le droit d'entrer dans ces vastes zones dites à faibles émissions. La Ville de Paris et la métropole, qui entendent bannir dès 2024 tous les diesels à l'intérieur de l'A86, ont-elles bien mesuré l'impact d'une telle mesure sur les populations où 80 % des véhicules peuvent être Crit'Air 3 et 2 dans certaines communes « pauvres » ?
Il est illusoire d'imaginer que, dans un temps aussi court et dans un contexte d'inflation, 12 millions de Français vont changer de voiture et auront les stations de rechargement à disposition en nombre suffisant…
Quand bien même le pourraient-ils, ce serait un immense cadeau fait aux constructeurs chinois, seuls capables aujourd'hui de livrer plus vite et moins cher. D’où leur présence en nombre au salon de l’Auto qui vient de fermer ses portes.
Le risque social est d'autant plus fort qu'il va se doubler d'une autre contrainte onéreuse : celle de mettre son logement aux critères de performance énergétique sous peine de ne plus pouvoir le louer ou le vendre.
Rien qu'en Ile-de-France, la moitié des logements sont concernés.
On touche là les limites d'une politique environnementale normative, déconnectée des réalités économiques, qui feint d'ignorer le coût exorbitant de la transition écologique.
La mise en place des ZFE est donc un sujet socialement très sensible puisqu’il met à l’écart les ménages les plus modestes, en incapacité d'assumer le coût d’achat d'une voiture neuve, électrique avec un niveau d’autonomie suffisant, et avec une station de recharge à disposition dans leur logement collectif.
De plus en plus d'automobilistes conservent leur voiture longtemps, ou roulent avec des voitures d'occasion à très bas prix. Pour ces catégories de personnes, les aides gouvernementales annoncées ne suffisent pas.
Les chiffres d'AAA Data le prouvent : malgré les menaces de restriction de circulation et les diverses incitations au renouvellement des voitures, l'âge moyen du parc automobile ne cesse d'augmenter.
Au 1er janvier 2022, il s'établissait à 11 ans, soit deux mois de plus que l'année précédente.
L'association 40 millions d'automobilistes dénonce de son côté un projet "anti-social" et lance une pétition pour que les voitures ayant réussi leur test antipollution lors du contrôle technique puissent continuer à rouler dans les ZFE.
"Les véhicules bientôt interdits de circuler dans les ZFE peuvent avoir passé avec succès le contrôle technique qui intègre dorénavant un volet "pollution", preuve qu'ils répondent tout à fait aux exigences en vigueur en matière d’émissions polluantes", argumente l'association de défense des automobilistes.
Lors d'un récent sondage d'Ipsos à l'occasion du salon Equip'Auto, 71 % des répondants se sont montrés favorables à ce que les véhicules ayant réussi leur test antipollution puissent continuer à rouler.
Preuve du caractère socialement explosif de cette question, la mise en place de la vidéo verbalisation a été reportée dans la Métropole du Grand Paris, officiellement pour des problèmes techniques...
Peut-être un retour à la réalité au regard des échéances électorales, de peur de réveiller les abstentionnistes en 2026 ou de susciter un « mauvais » vote de manière plus large ?
Pas plus tard que ce matin, on apprend que l’interdiction des Crit’Air3 est reportée à Janvier 2025…
Pour mémoire, dans les ZFE hors Île de France :
Dès le 1er janvier 2023, les véhicules Crit'Air 5 (véhicules diesel produits avant 2001) seront concernés. Au 1er janvier 2024, ce sera au tour des Crit'Air 4 (diesel avant 2006) puis des Crit'Air 3 (diesel avant 2011 et essence avant 2006) le 1er janvier 2025.
En Île de France, vous vous dites qu’avec votre véhicule Crit’air 1, vous êtes « bien »… oui mais jusqu’à fin 2029 seulement, dans à peine 7 ans. 🤔
Vous viendrez juste de terminer de payer le dernier achat ? Prévoyez le renouvellement en 2029 au plus tard. Et d’inclure le financement de l’installation de votre borne de recharge rapide, surtout si vous avez plusieurs véhicules.
Mais quid du prix du véhicule avec sa batterie qui intègre des métaux rares dont le prix ne manquera pas d’évoluer à la hausse d’ici là ?
Motos et cyclos ne sont pas oubliés.
#CaVaBienSePasser