FERMETURES ET OUVERTURES
L'annonce faite par PSA relève du drame national ou presque concernant la fermeture prochaine du site d'Aulnay. La faute à qui ? Probablement à un gouvernement passé, de droite comme de gauche. C'est plus vraisemblablement à une politique du "laisser faire" d'une délocalisation des activités des équipementiers automobiles en premier lieu, sous contrainte des constructeurs, puis des propres usines de ces derniers, dix ans plus tard, dont Aulnay est l'exemple type.
La vraie question est qu'en étant concurrence "libre" avec les pays "low-cost", comprennez "petits salaires", sommes-nous en mesure de lutter à armes égales ? Pas vraiment car on voit que le phénomène n'est pas limité à l'automobile : ce sont des pans entiers de notre industrie - et de plus en plus nos activités tertiaires et de recherche - qui sont concurrencées par notamment des esclaves chinois, payés 20 ou 30 fois moins.
Certains gouvernements, chinois, coréens, argentins, pour ne pas les nommer, exigent des implantations locales dans le pays pour pouvoir y faire prospérer ses affaires. Pas en Europe, pas en France...
L'exemple du groupe PSA est symptomatique : il délocalise même une partie de sa R&D, pourtant apanage quasi "sacré", avec ses conséquences dans ses sites de recherche en France, y compris sur tous les sous-traitants.
Il ne fait que suivre le mouvement que Renault a engagé depuis plusieurs années.
Ce qui reste incroyable, c'est la continuité des aides données à ces groupes par les instances républicaines, donc par nos impôts. Non seulement, "on" ne fait rien pour protéger notre industrie et les emplois qui y sont liés, mais en plus "on" aide à délocaliser en délivrant des aides publiques.
Ainsi, même si la conséquence de la fermeture annoncée d'Aulnay va "profiter" à Poissy, comment le Conseil Général des Yvelines peut-il encore continuer à verser ses aides à PSA ? Par réalisme plus que par solidarité, il ferait mieux de réorienter cette aide vers le logement dont la pénurie annoncée avec l'arrivée de 1500 salariés supplémentaires (et leur famille) sur le site pisciacais de PSA qui va bouleverser le marché immobilier local.
Car les fermetures vont donner des ouvertures, et des bonnes nouvelles à Poissy :
Bonne nouvelle pour les agents immobiliers et les propriétaires, en particulier vendeurs de leurs biens, les prix du mètre carré pisciacais vont augmenter.
Bonne nouvelle pour le maire de Poissy, avec cette augmentation, ses programmes de logement de la Coudraie et Eoles va pouvoir trouver un équilibre financier de manière plus probante, pour permettre d'accélérer le mouvement des travaux.
Bonne nouvelle pour les électeurs, le seuil de 40.000 habitants dépassé, ils auront plus de conseillers municipaux à désigner.
Bonne nouvelle pour les futurs élus, ils auront de meilleures indemnités. Les places vont être "chères"...
Au-delà du microcosme pisciacais, les nouvelles ne sont malheureusement pas aussi bonnes qu'on ne le pense. A moins d'avoir un revirement significatif et salvateur en terme de politique économique comme a su le faire l'Argentine, nous continuerons de creuser notre propre tombe, industrielle comme sociale.
L'ouverture attendue, elle sera celle de la vision, en enlevant nos oeillères.